Une fête merveilleuse !


Quelle journée d’anniversaire !


En ce matin d’anniversaire, mon mari, qui fonctionne en principe à basse vitesse le matin, a réussi à prendre sa douche, s’habiller, boire un jus, démarrer l’auto, déneiger l’entrée, et replacer les poubelles, pendant que je terminais de me préparer pour aller déjeuner au restaurant. J’étais complètement déstabilisée, au point qu’en arrivant au salon, je m’interrogeais à savoir où il était passé, lorsque je l’ai aperçu à l’extérieur qui m’attendait. Quand j’affirme que j’étais déstabilisée, ce n’est pas une blague, j’ai figée en tournant en rond dans la maison, et en me questionnant, « Comment vais-je verrouiller la porte ? » Les clés faisaient partie du trousseau de clés de l’auto ! J’ai même pris la peine de m’informer, s’il avait sorti la clé de la maison ? Il m’a assuré qu’il avait déposé sa clé sur la tablette de la bibliothèque, mais je ne voyais pas de clé selon ma perception ! J’insistais lorsque j’ai effectivement vu une clé qui pendouillait à un machin, pour lui demander si c’était la bonne clé, ce qu’il m’a confirmé. J’aurais dû reconnaître le porte-clés souvenir de San Marino, ce n’est pas courant ! Normalement, mon contact avec les clés se passe plutôt automatiquement, dans l’indifférence, pourvu qu’elles se retrouvent avec le trousseau de la voiture.

Heureusement, j’ai réussi à reprendre mes sens, et nous nous sommes rendus au restaurant, pour un déjeuner très agréable, pain grillé pour moi, pain doré, ou pain perdu pour mes lecteurs français, pour lui.

Comme je le mentionnais dans mes vœux d’anniversaire, un historien aime aller fureter dans une librairie, ou dans son cas, dans un magasin d’informatique, mais il a choisi la librairie. Nous avons sélectionné un Robert des noms propres, donnant accès par une clé USB au dictionnaire en ligne, conciliant ainsi les deux genres de cadeaux. Ce fut un agréable avant-midi passé ensemble. On lui a offert son achat chez le fleuriste, mais la magie de la fête n’a pas fonctionné à l’épicerie.

Pour son souper de fête, je voulais sortir des sentiers battus, pour lui permettre de vivre une expérience inoubliable. J’ai envoyé mes invitations une semaine auparavant, en espérant que mes invités répondent présents, même à la dernière minute. J’ai fixé l’heure d’arrivée à dix-huit heures trente.

Vers dix-huit heures, nous avons pris un apéro en écoutant comme toile de fond de la musique du jazz, tout en échangeant. J’avais hâte d’entendre la sonnerie de la porte, ma surprise reposait sur mes invités.

À dix-huit heures trente, le tintement de la sonnerie m’a réjoui, et je l’ai encouragé à recevoir les invités à la porte. Il a ouvert la porte, il ne voyait personne, quand il a senti que quelque chose lui touchait les pieds, il a baissé la tête, et quelle ne fut pas sa stupéfaction en apercevant Mochée ! Pendant qu’il se penchait pour prendre Mochée dans ses bras, et se laisser copieusement lécher le visage par le renardeau, Jacquot profitait de ce moment d’inattention pour survoler sa tête, sans que mon mari remarque sa présence. Après qu’il eut tenu Mochée dans ses bras, il voulut refermer la porte, mais il entendit Jacquot lui ululer, « Non, non, ne ferme pas la porte, Marmelade arrive ! » Il sursauta d’entendre Jacquot, qui était déjà dans la maison, juché dans une tablette de la bibliothèque de l’entrée, puis il le regarda étonner, déposa Mochée par terre et rouvrit la porte pour permettre à Marmelade d’entrer. Il se retourna vers moi et dit en souriant, « Dois-je laisser la porte ouverte ? » Je le regardais innocemment, « Je ne sais pas ! » Il accueillit Marmelade, mais pour ne pas se faire prendre pour la troisième fois, il se donna le temps de bien zyeuter à l’extérieur lorsqu’il aperçut Ludovic, suivi d’Ouf et de Miaoumé ! Sa surprise le remplissait d’une telle joie, qu’il fut envahi d’une grande émotion, ses joues se sont empourprées, ses yeux bleus se sont illuminés, et il commença à les taquiner.

Quand tout ce beau monde fut entré et assis au salon, je leur ai servi un apéro légèrement alcoolisé, de la laitue, des arachides et des crevettes à peine cuites qu’ils semblèrent apprécier ! Lorsque mon mari leur a posé la question, « Qui d’entre vous a réussi à peser sur la sonnerie de la porte ? », Ouf, fier de lui, admit, « C’est moi ! » Jacquot interrompit et précisa, « Je voulais sonner, mais Ouf n’a pas accepté ! » Nous nous sommes éclatés de rire, en nous disant, « Jacquot c’est Jacquot ! » Ils étaient tellement contents de participer à la fête ! Mochée, avant que nous passions à la salle à manger, me demanda, « J’aimerais visiter ta maison ! » Je lui ai souri et je l’ai invité à me suivre, mais Ludovic, suivi d’Ouf, de Miaoumé, de Marmelade, ainsi que Jacquot qui avait déjà fait le tour de la maison en rase-mottes, nous a accompagnés.

Par la suite, ils se sont installés à la table pour le souper, tout le monde semblait heureux jusqu’au moment où j’ai remarqué l’air piteux de Mochée, qui regardait mon mari manger avec appétit, alors je lui ai demandé, « Mochée, que se passe-t-il dans ta tête ? » Mochée répondit, avec un trémolo dans son glapissement, « J’ai encore faim pour avaler du steak de bison ! » Mon mari le fixa en retenant un fou de rire et lui en remit dans son assiette. Quand je les observais, j’avais l’impression qu’ils avaient suivi un cours de savoir-faire tellement ils se tenaient bien à la table. Miaoumé aida discrètement Mochée à manipuler ses ustensiles, et Ludovic utilisa évidemment seulement sa fourchette à salade. Jacquot se montra le plus disert pendant le repas, pendant que les autres se concentraient à déguster leur souper. Ouf a cependant beaucoup ri des blagues de Jacquot.

Après le repas, nous sommes tous retournés au salon, quand le tintement de la sonnerie de la porte se fit de nouveau entendre. Mon mari était occupé à échanger avec nos invités, qui lui racontait chacun leur histoire de vie. Je suis allée répondre, et cette fois c’était un humain qui voulait s’ajouter à la fête de mon mari, un humain qui au préalable avait refusé mon invitation, mais qui avait accepté de venir partager le dessert avec nous. Ce fut une visite bien agréable, mais brève, car les invités couvrirent l’humain d’amabilités. Miaoumé, à regret, dut repartir plus tôt, compte tenu de tous ses engagements, mais Ludovic, Ouf, Jacquot, Marmelade et Mochée restèrent pour faire la fête jusqu’au petit matin. Chacun raconta une anecdote de sa participation aux romans, en effet rien ne provoque l’hilarité mieux qu’un bon blooper ! Tout le monde rit aussi des imitations de Ludovic, qui faisait un Ouf très vraisemblable. Marmelade est sortie pour fumer, mais pas longtemps car il faisait un peu froid.

Nous avons joué à un jeu de mime et d’imitation, auquel Mochée s’est montré imbattable, avec des mimiques tordantes. Jacquot peinait à reproduire des visages, ce n’est pas évident avec un bec, mais ses cris surprenants ont fait rire tout un chacun. La discussion connut aussi quelques moments sérieux, car chacun avait une idée pour des suites, Ouf, par exemple, se voyant jouer un grand loup solitaire dans une saga du onzième siècle. Ludovic le taquina gentiment, en suggérant qu’il ne ferait peur à personne.

Étant donné l’heure tardive, j’ai insisté pour que les invités passent la nuit. Je craignais que Jacquot se tombe dans un barrage de missiles sol-air, ou bien que Marmelade fasse un tête-à-queue ! Ouf était surtout fatigué, et Ludovic dormait debout. Mochée semblait sans limites, mais à son âge, il valait mieux qu’il reste à l’abri.

Ce matin, après avoir pris un peu de salsepareille, ou encore avoir dégusté des œufs, un délice pour Mochée, Marmelade, et Ouf, et très acceptable pour Jacquot, nous nous sommes quittés jusqu’à la prochaine séance de travail. Quand l’amitié et le travail vont de pair, quoi demander de plus ?

Commentaires