La garoche

Le chat sort du sac !


J'ai pris l'habitude d'écouter l'émission en Mode Salvail trois fois par semaine. Pour ceux qui ne la connaîtrait pas, c'est une émission à haut niveau culturel et intellectuel, qui nous permet de rentrer dans la vie intime de nos vedettes, comparativement aux émissions futiles où ils analysent des faits divers, comme la corruption des partis politiques, les coupures qui fusent de tout bord et de tout coté, le choix d'interrompre une grossesse parce que le sexe de l'enfant n'est pas celui que l'on désire, etc !


Voilà qu'hier soir, je regardais à 22 heures en Mode Salvail, où j'ai pu apprendre une nouvelle façon de recevoir nos invités ! Nous avons qu'à «gorocher» du papier parchemin sur la table et de «gorocher» les sauces, les viandes, les œufs que je présume farcis, où les couleurs des mets enjolivent la présentation. Ensuite, il suffit de manger le tout avec ses doigts, debout autour de la table tout en discutant avec ses invités ! Quand le souper est terminé, vous n'avez qu'à rouler votre parchemin et hop !, dans la poubelle.


L'autre invité venait de perdre son chien et il vivait un deuil indescriptible, très compréhensible ! Je dis tout bêtement à mon mari qui lisait, « Il est très affecté par le décès de son chien en plus de se sentir responsable de cette perte !» Mon mari me répond candidement, « Je le comprends, j'aurais la même réaction si Brendan [son chat] mourait.» Il ajoute, « J'aurais plus de peine de perdre Brendan que de perdre un humain !»


Bon, la table est mise... Je viens de prendre conscience que je fais parti de l'espèce humaine. Je cherche dans mes pensées à savoir si j'ai des similitudes avec les félins ! Je sais que je ne marche pas à quatre pattes, que je ne peux pas aller me coucher sur ses documents, sur son bureau, quand il travaille à son ordinateur, mais que puis-je avoir en commun avec Brendan ?


Une image m'apparaît. Je devais avoir environ trois ans, et quand des amis me rendaient visite pour jouer, il arrivait souvent, quand le jeu ne m'intéressait plus, que je les griffe pour les faire déguerpir ! Ah ! Voilà un point que j'ai en commun avec les chats ! Ouf !


Je continue mon introspective pour constater que, quand je suis contrariée, je crache, je feule et je grogne comme un chat ! Ouf !


Je commence à être rassuré face au sentiment que mon mari peut ressentir à mon égard ! Je cherche pour trouver d'autres similitudes, et je me demande si je me glissais comme Brendan en sautant sur lui, s'il me caresserait ? Probablement, il supporte de laisser son livre pour son chat. D'ailleurs, pourquoi je pose la question, nous avons fait le test souvent ! Même qu'une fois, en vérifiant un disjoncteur, j'ai éteint celui de son bureau accidentellement, et effacé plusieurs heures de travail sur son ordi, alors j'ai déguerpi comme un chat. Ouf !


Mon chat aime qu'on lui serve son repas dans une belle gamelle en acier poli, très propre, et il mange délicatement, petite bouchée par petite bouchée. Si je lui servais une «goroche», il me regarderait pour vérifier si je suis devenue folle, ou si j'ai tout simplement perdu toutes mes bonnes manières. Ouf !


Je saisis maintenant le sens de la déclaration de mon mari. D'un côté, des créatures qui mangent comme des gorets, ou comme des humains primitifs, et c'est à ceux-ci que pense mon mari, qui ne sera jamais invité à une «goroche». De l'autre, il y a les gens bien élevés, qui mangent dans une assiette, qui montrent tendresse et affection, qui savent vivre, quoi, comme Brendan, et moi, évidemment ! Ouf !


Parfois, nous nous demandons ce que nous dit exactement notre chat. Mais la communication n'est pas une science exacte, et je me dis que si je ne comprends pas tout à fait mon mari, il n'est pas étonnant que j'aie de la difficulté à comprendre notre chat. Je pense que l'essentiel, dans la vie de chat, et dans la vie de couple, ce n'est pas de comprendre, mais d'aimer !


nathalie besson

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