Racisme systémique !
Dans la parution du Journal de Montréal, du dimanche 14 juin 2020, l’agente Anabel Benoît de la Sûreté du Québec n’hésite pas à dénoncer la rage médiatique récente envers les policiers ! Je la félicite pour son intégrité et son sens du devoir, son texte servant premièrement à protéger ses collègues et deuxièmement à aider les lecteurs à remettre en perspective les manifestations contre la police !
Commençons par rappeler que le mot police vient de poli, et qu’un pays civilisé est un pays bien policé, donc un pays où les lois sont claires et où les citoyens se respectent les uns les autres. Même Thomas More prévoit dans son Utopie, qui décrit la première société utopique, un service de police pour vérifier le comportement des citoyens. Pour profiter d’une civilisation, nous avons besoin d’un service de police ! Continuons en soulignant que les services de police du Québec, je dirais du Canada en général, se sont créé une réputation de retenue et de justesse, réputation qui surprend, entre autres, les visiteurs des États-Unis habitués à percevoir les services de police comme des services de répression.
Par conséquent, je m’élève contre l’autoflagellation que nous impose le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, et les adeptes de sa pensée haineuse envers, on dirait, toute la civilisation occidentale ! Évidemment, il est inacceptable et punissable qu’un policier cause la mort d’un citoyen par asphyxie, mais cet évènement ne s’est pas passé au Québec, mais aux États-Unis. Nos voisins portent un lourd héritage, c’est vrai, où l’esclavage est devenu le moteur principal de toute l’économie des États du Sud, producteurs de coton, de tabac, et d’autres matières premières ! L’esclavage ne s’est terminé que par une longue et sanglante guerre civile (1861-1865), et ce sont les échos et les relents de cette guerre, entre autres les efforts des perdants — les états esclavagistes — de récupérer par des moyens légaux et politiques leurs dominations sur leurs anciens esclaves et leurs descendants.
Le romancier Dany Laferrière a publié un article, tout en poésie, dans le Devoir la semaine dernière, mais il brode un tissu qui prend peu de racines dans l’histoire. Les colonies espagnoles, hollandaises, et portugaises ont toutes importé une masse de travailleurs involontaires d’Afrique, essentiellement parce que les travailleurs volontaires étaient rares. Les colonies sucrières françaises ont utilisé le même procédé. Curieusement, les colonies anglaises ont reçu une part assez faible des esclaves, mais la suite du développement des colonies aboutira à la création de la société esclavagiste du Sud, tandis qu’ailleurs les esclaves se sont fondus dans la société en général, la plupart du temps dans les strates les plus pauvres de la société, mais pas toujours. Quant à la Nouvelle-France, la plantation et le travail non libre ne jouèrent aucun rôle dans les projets de colonisation.
L’héritage de l’économie esclavagiste, et la longue résistance des héritiers des planteurs virginiens fondent l’univers mental dans lequel un policier du Minnesota peut assassiner en direct un citoyen. Ironie historique, le Minnesota était un des États du Nord dont les soldats ont combattu les esclavagistes. Toutefois, même dans cet univers, les policiers ne sont pas tous des assassins, ou encore de potentiels bourreaux de citoyens Noirs ! Inversement, on peut imaginer qu’un policier au Québec ressent une hostilité envers ceux-ci. Bien sûr, des brebis égarées fréquentent tous les domaines ! Je pense entre autres aux fuites des données personnelles à la caisse populaire Desjardins. Devrions-nous en déduire que tous les employés du Mouvement Desjardins sont des fripouilles ?
Les policiers représentent l’édit ! Ils sont le bras armé de l’État, l’expression matérielle des codes de la société. En plus de cela, ils deviennent les premiers répondants lors d’accidents, lors de violence conjugale, ou lors d’appels inusités. Si nous contrevenons à la loi par excès de vitesse ou autres délits, nous devons payer une amende, que nous soyons visibles ou invisibles, parce que la société demeure un tissu fragile et que tous doivent veiller à sa préservation ! La vocation essentielle du policier consiste à protéger la population contre les criminels et à sauver des vies ! Chaque jour, les policiers mettent leur propre vie en danger et ils ne détalent pas devant l’adversité, d’ailleurs, tel que mentionné par l’agente Anabel Benoît ! Le policier est un humain, et il ne possède pas de force magique, comme Obélix, pour accomplir son devoir. Comprenons que le déferlement médiatique, qu’évoque l’agente Benoît, afflige une personne désemparée en constatant l’ingratitude que récoltent ses efforts.
Ajoutons que les discours entendus à la télé sont souvent loufoques. À la suite du décès de M. George Floyd, un journaliste, dans une entrevue à LCN, demanda à des adolescents indiscutablement Noirs, « Comment les policiers se comportaient avec eux ? » Celui qui semblait jouer le rôle de porte-parole a répondu, « Admettons qu’il cherche Louis, et Louis ce n’est pas moi, mais il souhaite vérifier mes cartes en sachant que je ne suis pas Louis ! » Question existentielle, que le journaliste n’a curieusement pas posée (un gérant d’estrade ?): Comment le policier peut-il connaître son nom et savoir qu’il n’est pas Louis ???
Ces considérations expliquent pourquoi je m’interroge sur le comportement des vedettes des nouvelles en continu. Comment M. Trudeau, par exemple, peut-il affirmer que les policiers sont en général racistes ? Comment peut-il sérieusement argumenter auprès des citoyens sur la non-pertinence de certaines interventions ? Il n’a pas honte d’accabler les policiers, et de les accuser du concept nébuleux de racisme systémique ? Contrairement à M. Trudeau, et d’autres, les policiers ne jouent pas dans une pièce de théâtre, mais ils font face à de vrais problèmes au quotidien !
Il suffit, pour désarmer ce concept de racisme systémique, de se rappeler qu’une personne de la communauté invisible qui présente une faiblesse physique, ou des cicatrices sur le visage, ou un léger surplus de poids rencontrera des obstacles à l’embauche, comparativement à une personne qui correspond aux normes sociales de beauté ! La vie n’est pas facile, et les travaux publiés témoignent de l’avantage que possède un individu bien de sa personne devant un employeur. On pourrait appeler ces préférences du racisme systémique, mais le mot ne rajouterait rien à l’analyse.
Nous voyons tous les jours des personnalités, expertes en un domaine ou un autre, qui sont issus de minorités visibles. Ils se sont assumés, comme individus, ont poursuivis des études et des carrières, et si Louis et ses amis s’intègrent, par exemple par les études, ils se fonderont dans la masse invisible des honnêtes travailleurs, ou se feront remarquer pour leurs œuvres et non pour leur apparence !
Curieusement, peut-être, une société érigée sur le racisme systémique, entendons un système qui classe les personnes selon leur race, a bel et bien existé. Nommons la Confédération du sud, les Confederate States of America, la réunion de la plupart des états esclavagistes qui a mené la guerre évoquée plus haut contre les États-Unis d’Amérique. Les fondateurs de cette confédération visaient précisément à préserver l’esclavage, pilier de leur société et de leur économie, à une époque où ils produisaient les deux tiers du coton du monde. Ils expriment leur vision explicitement, entre autres dans l’alinéa 4 de l’Article I, Section 9, de leur Constitution, adoptée le 11 mars 1861. « No bill of attainder, or ex post facto law, or law denying or impairing the right of property in negro slaves shall be passed. » En voici la traduction de Google Translate, qui me semble assez juste: « Aucun acte de loi, ni loi ex post facto, ni loi niant ou portant atteinte au droit de propriété des esclaves noirs ne sera adopté. » Je soutiens cependant que cette réalité historique n’est d’aucun secours au tenant du discours sur le « racisme systémique », car elle ne garde aucun lien avec notre réalité québécoise, ou même canadienne, actuelle ou historique !
Je mentionne en dernier lieu que je n’entretiens pas de liens d’amitié avec un ou des policiers, même que je n’en connais pas dans ma vie quotidienne. Je souhaite que M. Trudeau se confonde en excuses publiquement pour avoir fait preuve de condescendance envers les policiers et qu’il ajoute une petite larme de son cru, en guise de regret ! Ce n’est pas rien de dénigrer publiquement des agents de la paix, c’est ultimement miner une des fondations de la civilisation !