J'ouvre les yeux, mon regard se dirige vers la fenêtre de ma chambre où j'entrevois le soleil qui brille au travers de ma toile et qui semble me dire «Lèves-toi, c'est un grand jour aujourd'hui !» Grand jour ?.... Je cherche dans ma mémoire encore anesthésiée, en m'interrogeant « Grand jour ?», lorsque je me rappelle la date du jour, le 28 juin !
En pensant à cette date, je sens une forme de fébrilité envahir tout mon être, je suis heureuse mais pourquoi ? Je suis perdue dans mes pensées lorsque j'entends frapper à ma porte, et ma mère me dire: « Nathalie lèves- toi, tu as un rendez-vous à onze heures.» Rendez-vous, mais quel rendez-vous ? Je demeure coite, et je m'interroge sur se prétendu rendez-vous ! Soudain, je comprends, j'ai un rendez-vous chez l'esthéticienne, mais ce n'est pas urgent même si j'arrive quelques minutes plus tard !
Mes pensées voltigent dans ma tête et je ne vois pas l'urgence du moment, la seule chose qui m'apparait urgente, c'est de continuer à vivre ce moment euphorique qui m'envahit... Deuxième rappel de la part de ma mère, « Nathalie, il est dix heures et trente !» Il semble que je n'aies pas le choix, je dois me lever et honorer ce foutu rendez-vous... et c'est ce que je fais dans les minutes qui suivent.
De retour à la maison, je remarque la présence de ma sœur ainée avec son mari et ses enfants, de mon frère avec son épouse et ses enfants, et de mon autre sœur qui demeure encore chez mes parents. Ils sont tous déguisés, à croire qu'il va se passer quelque chose de particulier. J'entends des éclats de rires et je vois mes parents arriver dans la salle de séjour, eux aussi déguisés. Je suis la seule à être au naturel ! Dans ma tête tout se bouscule, je me dis, c'est peut-être l'Halloween ?.... mais pas un 28 juin !
Le temps passe vite, ma mère insiste pour que j'aille me vêtir, il semble que nous ayons tous un rendez-vous à seize heures, et il est déjà quinze heures ! Je vis dans mes pensées et je ne veux pas que cette euphorie qui m'habite, ne me quitte ! Plus le temps avance, et plus ma mère s'énerve ! À quinze heures trente, je consens finalement à me déguiser pour faire plaisir à mère, et nous partons tous vers une destination qui m'est inconnue. J'ai l'impression de faire bande à part, une voiture m'attend à la porte, et je suis seule à l'intérieur avec le conducteur, qui est un grand ami de la famille! Rendue sur place, le conducteur vient m'ouvrir la porte, et il me guide vers un grand escalier où mon père m'attend. C'est ainsi que je franchis les grandes portes jusqu'au chœur, lieu où tout se déroulera. Au passage, je remarque que tous les visages que je vois ne me sont pas inconnus. Après cette grande marche et l'Ave Maria de Schubert, mon père confie ma destinée à ce grand gentleman barbu et érudit, qui prend place à mes côtés, un peu maladroit dans les circonstances.
Cette grande aventure a débuté le 28 juin 1975...