Intruses
J’évite d’inviter certaines personnes qui prennent trop de place en envahissant mon environnement sans nous respecter le moins du monde ! Quand elles s’invitent, je m’impatiente, je rue dans les brancards, mais malgré mon exaspération, elles continuent à me tourner en bourrique !
Depuis deux jours, elles ont pris possession de ma maison en jouant aux chats et à la souris. Je les observe et j’analyse leur comportement, et j’ai bien l’impression qu’elles souffrent d’un TDH ! Elles bougent sans arrêt, et poussent l’odieux jusqu’à nous narguer sciemment ! Elles me font penser à des mouches qui collent quand la pluie s’en vient !
Mon mari et moi essayons de les inciter à repartir, mais elles se considèrent chez elles ! Elles n’hésitent pas à se doucher, et à nous suivre dans tous les appartements comme des chiens de poche. Évidemment, notre patience a des limites, et nous souhaiterions qu’elles comprennent qu’elles ne sont pas les bienvenues ! Dans un monde qui nous surveille au moyen de lourdes technologies, comme Google ou Snap Chat, nous sentons leurs grands yeux à multiples facettes qui nous espionnent, à l’endroit, à l’envers, et du plafond.
Hier soir, pendant que mon mari lavait la vaisselle, comme d’habitude, une d’entre elles se posa sur une latte de la fenêtre. Il la zyeuta et remarqua qu’elle se débarbouillait avec ses petites pattes, et pendant un bref moment son cœur lui disait, « Ne lui fait pas de mal, elle essaie de survivre dans ce monde sans merci ! » N’écoutant que son courage, il l’arrosa et elle perdit pied en chutant dans l’évier. Maintenant, le temps était venu de l’expédier auprès de ses sœurs qui l’attendaient impatiemment dans leur royaume ! Mon mari peut se dire qu’il ne ferait pas mal à une mouche, mais qu’il peut lui administrer une rincée !
Nous nous réjouissions de l’avoir retourné dans son monde immatériel, quand sa petite sœur répéta les mêmes stratagèmes, en tournant autour de nous, en se posant, soit dans les cheveux de mon mari, ou sur son bras, ou sur mon bras ! Le seul choix qui se présentait à nous, c’était de lui déclarer la guerre ! J’avouerai humblement qu’elle est rusée comme un renard, et qu’elle souffre du même mal que sa sœur, soit d’un TDH !
Depuis le souper, je ne l’aperçois plus : soit elle fait la morte pour mieux rebondir, soit j’ai réussi à la tuer — mot qui me va droit au cœur — avec le tue-mouche ! Je me console en pensant, « je suis la personne qui lui permet de rejoindre sa cohorte ! » Je vais lui envoyer une lettre accrochée à un ballon soufflé à l’hélium qui débutera ainsi :
« Chère mouche ! Je me désole de t’avoir tué, tout comme ta sœur, mais je ne pouvais plus supporter ton effronterie et ton arrogance. Aujourd’hui, tu retrouves tes sœurs dans la joie et l’allégresse, pendant que je ressens une grande quiétude à la suite de ta disparition ! Je vous invite à faire la fête dans votre Nouveau Monde, et abstenez-nous de revenir m’importuner et de me narguer ! Bonne chance ! »