Pour Noël, je vous ai offert un conte en collaboration avec les membres de la Mission de paix, accompagné d’une illustration signée « pierre corbeil ! »

À l’aube de l’année 2020, je vous offre une réflexion sur nos activités et nos comportements sur Facebook !

Je vous présente une entrevue que ma meilleure amie et confidente, qui préfère demeurer dans l’ombre sous les initiales fp, a réalisé au sujet de ma vision de Facebook.

Au cours des derniers mois, nathalie besson s’interroge sur la pertinence d’être membre de Facebook, et je lui pose directement cette question.

« Parle-moi de Facebook ? »

Elle prend un moment de réflexion, ne sachant pas quel sujet aborder de prime abord, mais elle énumère ses publications. Je l’incite à ouvrir la discussion sur ce sujet qui semble la tracasser.

« Tu me parles de tes publications, peux-tu m’en dire plus ? » Elle hésite.

« Je publie des chapitres de mes romans et des textes d’opinion régulièrement. »

Elle s’arrête abruptement avant de poursuivre son idée et me relance une question.

« Remarques-tu que les amis Facebook s’intéressent à des posts ou à leur propre post, ou changent souvent la photo de leur profil pour récolter les icônes « j’aime, j’adore, je suis surpris, et je suis en colère » de leurs congénères, plutôt que de lire un texte, ou une histoire, qui peut-être leur apparaît trop long et difficile à comprendre ? »

Je demeure perplexe face à sa question, et je lui souligne.

« L’entrevue concerne tes opinions et non les miennes ! »

Je sens qu’elle veut en ajouter sans pour autant vexer ceux qui la suivent, tout en sollicitant mon approbation sur le sujet ! Elle essaie d’émettre le fond de sa pensée.

« Les réactions à mes productions se font rares ! Ai-je trop de mots dans mes textes ? »

Elle réfléchit à voix haute.

« Le lecteur est comme l’empereur dans Amadeus, disant à Mozart qu’il met trop de notes dans ses compositions ! Horreur ! Qui peut lire autant de mots ? »

Elle s’aventure dans sa réflexion.

« Si j’ai trop de mots, cela demande un effort de concentration pour lire et personne ne veut commenter mes publications ! »

Soudain, elle fait la relation avec les posts d’animaux ou les pensées qu’elle transfère sur sa page, et elle admet que de temps à autre un ami Facebook exprime son appréciation par « j’aime, j’adore, je suis surpris et je suis en colère », aussi que quelques personnes commentent ses textes ou ses chapitres, mais toujours les mêmes !

J’avoue que l’entrevue ne prend pas la forme que j’imaginais ! J’éprouve le sentiment qu’elle n’a pas révélé le fond de sa pensée sur ses écrits et je l’invite à approfondir le sujet.

« Je soupçonne qu’il te reste des choses à dire sur tes écrits ! »

Nathalie rumine et j’ai l’impression qu’une question lui brûle les lèvres !

« Devons-nous conclure que les amis Facebook manquent d’imagination ? »

Cette question je ne l’attendais pas, et je fonce.

« Pourquoi me poses-tu une question aussi percutante ? »

Je vois ses yeux verts chat s’assombrir avec un point d’interrogation.

« Les gens s’abreuvent de romans d’horreur où le sang coule, ou frétillent en lisant un roman d’amour de romancière connue, ou adorent les livres de recettes, mais l’univers de Miaoumé, où la majorité des personnages sont interprétés par des chats, sans vraiment de violence, mais avec beaucoup d’amour et de moments inattendus, même s’ils aiment prendre un bon repas, peut leur sembler un univers énigmatique ! »

Je saisis bien que Nathalie n’affectionne pas vraiment Facebook, elle vogue d’une observation à l’autre ! Je la sens comme un volcan prêt à faire éruption ! Elle demande.

« Puis-je continuer ? »

Je n’ai pas le temps d’intervenir et elle se lance.

« Nous pensons que les demandes d’amitié correspondent à nos affinités, mais nous réalisons rapidement que ces amis virtuels recrutent des adeptes pour les encenser dès qu’ils mettent un post, une réflexion, une nouvelle photo d’eux-mêmes, ou celle de leurs enfants, et de leurs petits enfants, qui n’ont pas demandé de faire la une de Facebook !!! Je pourrais ajouter d’autres conneries, mais je préfère demeurer coite ! »

Je lui pose aussi la question,

« Tu n’as jamais mis de post, de photo ou de réflexion sur ta page ? »

Elle est contrariée par ma question et insiste.

« Tu ne m’entends pas... je le mentionne au début de ton interrogatoire ! »

Décidément, je dois faire preuve de sagacité si je veux terminer mon interview ! Je ressens beaucoup d’émotions qui bouillonnent en elle, et la perturbent ! Je risque.

« As-tu d’autres animosités face au comportement de tes amis sur Facebook ? »

Son regard en dit long et elle reprend.

« Je m’aventure ! Est-ce un jugement que je porte sur certains comportements, ou un constat que je rapporte, c’est à vous de me le dire ! »

Je m’interroge à savoir où Nathalie se dirige, mais je ne peux terminer notre rencontre, car je trouve primordial d’aller au fond de sa pensée ! Elle poursuit.

« Ces dernières semaines, j’ai navigué sur Facebook en décortiquant les profils des amis, et des amis en commun, pour valider mes perceptions ! Cette aventure me permet d’affirmer qu’une personne sur cinq passe leur journée, incluant le soir et la nuit, à transférer des posts et à commenter avec leurs amis Facebook, le plus souvent sur des choses anodines ! Ces personnes ressentent-elles un appétit insatiable d’icônes au point de faire abstraction des membres de leur famille ? Est-ce une nouvelle intoxication au même titre que l’alcool et la drogue ? Existe-t-il des ressources pour absorber ce nouveau problème ? »

Elle fait une pause et dit,

« Suis-je une nouvelle Greta, mais pour les relations interpersonnelles ? »

Je suis complètement déconcertée par ses observations, mais je me fais un devoir de transcrire exactement ce qu’elle pense ! Elle réfléchit un moment, puis elle poursuit.

« Je comprends les gens seuls qui profitent de Facebook pour briser leur solitude et possiblement ne pas sombrer dans un néant total ! Ce médium leur permet de retrouver des personnes qui vivent la même situation qu’eux, mais pour les gens en couple, j’ai un problème ! Ma question existentielle qui me vient à l’esprit est la suivante : « Le soir, après le travail, ont-ils le temps et l’énergie pour discuter avec leur conjoint ou leur conjointe, afin d’entretenir une relation harmonieuse et amoureuse ? » Évidemment peut-être que les deux conjoints s’isolent chacun dans leur bureau à procéder de la même façon ou ils regardent tous les deux distraitement la télévision en utilisant leur téléphone intelligent ! »

En tant qu’interviewer, je me dois de garder un droit de réserve, et ne pas commenter le sujet, même si ses réponses me font réfléchir sur mon propre comportement sur Facebook. Si je ne la questionnais pas sur son comportement sur Facebook, je considérerais que j’ai manqué mon entrevue !

« Tu n’as jamais fonctionné d’une façon intensive sur Facebook ? »

Je vois qu’elle cherche dans ses pensées les plus lointaines et affirme sans hésitation.

« Je ne me rappelle pas d’avoir passé des heures à flâner sur Facebook, mais j’écris certains textes directement sur Facebook ! J’indique mon appréciation au sujet de certains posts, et j’émets mon opinion sur certains sujets d’actualité, mais rarement ! Je suis le fil de l’actualité environ 15 minutes par jour, et c’est beaucoup ! J’accumule beaucoup d’absentéisme sur Facebook ! Le voyeurisme que j’ai pratiqué les dernières semaines m’exténuait, à peine une heure le soir à deux ou trois reprises ! »

Elle s’arrête et fixe un arbre à la portée de sa vue, le visage tout détendu et avec beaucoup d’émotion.

« Regarde le geai », s’exclame-t-elle, en le pointant du doigt, et poursuit toujours en insistant du doigt, « Regarde Esteban ! »

« Qui ? »

« Sur la branche en dessous du geai ! »

Je me sens touchée en distinguant enfin le suisse assis sur sa branche, et je commente,

« Quelle belle bouffée d’air ! »

Elle continue en précisant,

« Je n’ai pas la science infuse, mais je constate beaucoup de comportements impulsifs, comme marquer machinalement une appréciation, ou de mettre impulsivement tout ce que tu fais dans ta journée ou d’envoyer en privé ta foutue histoire ! Admettons que ces comportements m’agacent au point d’avoir éliminé 25 amis ces dernières semaines ! Ce n’est pas le nombre d’amis qui m’intéressent, mais la qualité de leur suivi et de nos échanges ! Sur Facebook, nous émettons à vase clos, chacun pour soi ! »

Je lui pose une ultime question.

« Cette entrevue t’a-t-elle permis d’évacuer tous tes ressentiments face à Facebook ? »

Elle ne répond pas immédiatement, mais me fait remarquer.

« Si je pouvais semer une graine d’amour chez les gens, je le ferais ! »

fp

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